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Christophe Daix, Île-de-France

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Né en 1969, Christophe s’est installé en 1995 sur la ferme lancée en 1928 par son grand-père. 3 générations de céréaliers, beaucoup d’expérience, et une connaissance intime de ce morceau de terroir de 235 hectares, où il cultive des céréales destinées à l’alimentation. Aujourd’hui, s’il prépare un passage en agriculture biologique, c’est autant par goût du challenge que pour préparer sereinement, d’ici quelques années, la transmission d’un lieu qu’il aime profondément.

« Lorsqu’on travaille toute sa vie sur une ferme qui a été aussi le lieu de travail et de vie de ses parents et grands-parents, il est certain qu’on y est attaché », commence Christophe, « dans notre cas, comme dans beaucoup de familles d’agriculteurs, le métier et la vie personnelle se croisent, se mélangent, ont des impacts l’un sur l’autre. Mais c’est mon choix, et j’en suis heureux. » Indissociables, les souvenirs de famille et son vécu de jeune agriculteur, sorti de l’école d’ingénieurs des travaux agricoles de Dijon, très vite associé à la ferme parentale, et naturellement successeur de ses parents lorsque ceux-ci partent à la retraite. A bientôt 50 ans, les enseignements qu’il tire des années passées sont ceux de l’expérience. « L’expérience est décisive en agriculture. Quel que soit l’activité qu’on exerce, quel que soit son degré de connaissance théorique, ce qui est important c’est la fréquentation du terrain, le souvenir des échecs et des réussites, des ajustements ou des découvertes. Chaque parcours d’agriculteur est unique. »

« Ce qui est important c’est la fréquentation du terrain, se souvenir des échecs et des réussites, des ajustements ou des découvertes. »

Histoire d’une conversion

« J’ai débuté ma réflexion il y a quelques années en arrière. Je voyais autour de moi des confrères convertir leur mode de production en agriculture biologique, et visiblement avec de plus en plus de succès. D’abord prudent, j’ai attendu, beaucoup réfléchi, pour finalement décider de sauter le pas. C’est le bon moment : on est particulièrement bien entouré en Île-de-France. Il y a une politique volontariste avec un soutien financier à la conversion, les infrastructures sont en place, les coopératives ont fait une place au bio. Tous les feux sont au vert. »

Cela représente pour Christophe de nouveaux investissements, en matériel et en stockage, mais cela lui apportera à terme une plus grande sérénité. Ces dernières années, la volatilité des prix, les aléas climatiques de plus en plus extrêmes, l’année noire de 2016, l’ont amené à considérer de plus en plus favorablement le marché du blé bio. La baisse des rendements est compensée par une meilleure valorisation des productions avec des prix plus stables. Cela supposera aussi, probablement, plus d’heures passées en désherbage, et de choisir des productions et des variétés moins sensibles aux ravageurs. Mais là encore, il a confiance. « La technologie nous amène des outils de grande précision, comme le binage par guidage caméra. La gamme d’outils mécaniques est de plus en plus étoffée mais la difficulté du métier reste la même, il faut choisir le bon moment pour intervenir. Et les grands fournisseurs de produits de protection des cultures commencent à intégrer la lutte biologique dans leurs catalogues. De nouveaux acteurs apparaissent également ; si les solutions ne sont pas encore très nombreuses, c’est un marché qui évolue rapidement. »

Préparer l’avenir

Christophe a quatre enfants, et l’idée de voir un (ou plusieurs) d’entre eux reprendre la ferme n’est pas pour lui déplaire. « Ils sont encore dans leurs études. Peut-être auront-ils une première expérience ailleurs, et reviendront-ils, le moment venu, pour reprendre la ferme. Il faut leur laisser le temps. » Christophe, lui, prépare l’avenir, anticipe et écoute les besoins exprimés par la société. « Les consommateurs européens sont exigeants, autant sur la qualité de ce qu’on produit que sur le « comment » on le produit. C’est une chance d’avoir la capacité économique de changer de modèle de production. C’est bien de pouvoir tenter l’expérience.»

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