Les céréales, au cœur d’enjeux internationaux


A l’échelle européenne, la France est le premier pays agricole en termes de valeur (devant l’Allemagne et l’Italie. Une place en tête de peloton que l’on doit à une longue tradition agricole, un savoir-faire d’hommes et femmes dévoués, et un haut niveau de productivité. La moitié des terres arables du pays sont des cultures de céréales, et sur les 37 millions de tonnes de blé tendre produites chaque année dans le pays, plus de la moitié est destinée à l’export. Ce commerce extérieur joue donc un rôle clé dans la production nationale, notamment lorsque l’on sait que les exportations représentent un quart des origines du revenu brut d’un agriculteur d’après FranceAgriMer* (derrière les subventions et la consommation alimentaire).
*Rapport de l’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, 2018.
Qualité et force logistique
Au-delà de perspectives économiques importantes, les agriculteurs français ont une certaine responsabilité en matière d’approvisionnement d’autres pays en Europe et dans le monde. D’autant plus que la demande mondiale ne cesse de progresser face à une croissance démographique qui s’accélère : on estime que la population sera de 8 milliards d’ici 2030. Or, la moitié des calories consommées par l’homme provient des céréales, et le blé constitue aujourd’hui le produit alimentaire et agricole le plus échangé dans le monde. Et avec les plus de 21 millions de tonnes mises chaque année sur les marchés d’échange, la France occupe une place centrale dans ce commerce international. Hormis les pays européens (qui achètent un peu moins de la moitié de cette quantité), les principaux pays tiers destinataires du blé français sont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et l’Egypte. A eux seuls, ils représentent 35 à 40 % des exportations totales de la France chaque année. Près d’un hectare de céréales sur cinq cultivé en France est ainsi envoyé de l’autre côté de la méditerranée, qui est désormais devenu un véritable “espace de coopération et de solidarité” comme l’explique Sébastien Abis, directeur du Club Déméter.
L’Afrique du Nord dépend fortement des marchés internationaux pour répondre à ses besoins alimentaires. En vingt ans, les importations de blé ont doublé et cette tendance va s’accélérer face au réchauffement climatique, au stress hydrique et aux éventuels soubresauts politiques. La France possède donc une responsabilité forte vis à vis de cette région et a su répondre présente malgré la crise sanitaire. La campagne commerciale 2019-2020 a été marquée par une forte augmentation de 23,5 % des exportations atteignant les 21,192 millions de tonnes. Comment expliquer un tel bond ? Par la qualité d’une part (près de 81% des blés collectés sont de qualité supérieure) et une excellente maîtrise de la chaîne logistique qui permet d’acheminer les productions aux quatre coins du monde. De quoi assurer aux pays du sud de la méditerranée un approvisionnement à la hauteur de leurs besoins.

Le blé, au cœur des stratégies politiques
Si la question du commerce international des céréales demeure aussi cruciale pour les pays c’est que l’alimentation, et les céréales plus particulièrement, ont toujours joué un rôle géopolitique de premier plan. La sécurité alimentaire est une condition sine qua none de la stabilité politique et plus largement de la paix dans le monde. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont rayonné grâce à leur distribution alimentaire alors qu’aujourd’hui c’est la Chine (qui est d’ailleurs le troisième acheteur de blé français derrière l’Algérie et le Maroc) qui fait de son agriculture un élément de sa stratégie internationale en étant le premier pays producteur de blé au monde (130 millions de tonnes par an), tout comme l’Inde ou la Russie (respectivement 2ème et 4ème). De ce fait, les marchés sont très attentifs à son comportement et réagissent en conséquence : la demande soutenue de la Chine en 2020 a fait bondir le prix du blé, atteignant les 210 €/t en octobre 2020.
Les céréaliers sont donc au cœur d’un marché et d’enjeux qui dépassent les frontières nationales. Ils sont l’une des pièces maîtresses du rayonnement international de la France qui, par sa puissance agricole, pèse dans les relations géopolitiques.

Le B.A-BA
- La France exporte près de la moitié de sa production annuelle de blé et ce commerce représente un quart des revenus bruts des agriculteurs.
- 50 % de ces exportations sont à destination des pays d’Afrique du Nord qui comptent sur cette production pour répondre à leurs enjeux d’alimentation.
- Les céréales occupent une place centrale dans les enjeux géopolitiques entre les Etats.
Sources :
https://www.terre-net.fr/marche-agricole/actualite-marche-agricole/article/ou-part-le-ble-francais-1395-165109.html#:~:text=La%20part%20du%20bl%C3%A9%20destin%C3%A9e,de%20ces%20bl%C3%A9s%20sont%20fourragers%20%C2%BB.
https://www.terre-net.fr/marche-agricole/actualite-marche-agricole/article/ou-part-le-ble-francais-1395-165109.html
https://www.reussir.fr/grandes-cultures/les-exportations-francaises-de-ble-tendre-parties-pour-un-record-historique
https://www.yara.fr/fertilisation/solutions-pour-cultures/ble/production-mondiale-ble/#:~:text=Avec%20quelque%20130%20millions%20de,60%20millions%20de%20tonnes%20chacun.
https://www.lopinion.fr/edition/economie/geohistoire-ble-francais-penser-futur-chronique-sebastien-abis-223017